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Pour obtenir des moissons l’homme est condamné à la peine et aux sueurs. Dieu lui donne le champ et la rosée du ciel ; mais lui doit labourer et jeter la semence.

Supposons un homme qui se contente de désirer ardemment la moisson et de demander même avec instance la bénédiction du Ciel, mais néanmoins qui ne se mette point en peine de cultiver et de semer, la rosée et la pluie auront beau venir en leur temps, le champ restera stérile et l’automne passera sans amener aucune moisson.

Pour fertiliser le champ de l’Église il faut aussi deux choses : la prédication avec les travaux du missionnaire d’une part, et la grâce de ’Dieu. de l’autre. La grâce de Dieu ne manquera jamais ; malgré cela, le champ de l’Église restera sans fruits si le missionnaire n’est pas assidu au devoir de jeter la sainte semence et de la cultiver par les soins et la vigilance de son ministère.

Quelquefois aussi Dieu accorde miraculeusement à l’homme sa nourriture, sans qu’il lui en ait coûté ni temps, ni soins, ni travaux ; comme, par exemple, dans les miracles de la multiplication des pains et dans des circonstances semblables rapportées, soit dans l’ancien Testament, soit dans la Vie de quelques saints ; -dans ces cas, la toute-puissance de Dieu se montre immédiatement nopère en un instant ce qui, d’après les lois ordinaires, n’eût pu être produit qu’au moyen d’une longue suite de soins et d’opérations humaines.

Or dans l’oeuvre de l’établissement de l’Église, lorsque Dieu suscite des hommes de sa droite, puissants en oeuvres et en paroles, sa toute-puissance opère de même immédiatement ; le don instantané des langues tient lieu de la science acquise par une longue continuité de leçons et d’études : l’infusion de la sagesse divine remplace bien avantageusement l’expérience que l’on n’acquiert que par de laborieuses et persévérantes recherches ; enfin les prodiges de tout genre, les inspirations soudaines opèrent à l’instant et sur des multitudes nombreuses des effets de salut qui ne se produisent autrement qu’après une longue suite d’années, de soins et de travaux.

Cependant l’homme, pour obtenir son pain quotidien, ne doit point compter sur des miracles tels que la multiplication des pains et la chute de la manne, mais plutôt sur les travaux