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de France, va nous quitter ; il est nommé vice-roi de Sicile, et il partira pour Naples au commencement de novembre ; il est généralement regretté de tous ceux qui avaient l’avantage de le connaître. Le génie d’Archimède rendra la Sicile à jamais célèbre, et, si ce grand homme vivait encore, je ne doute point que M. le marquis de Caraccioli, avec le goût que vous lui connaissez pour la Géométrie, ne quittât Paris sans regret ; mais malheureusement les sciences sont très peu cultivées en Sicile, et je crains fort que, les ressources qu’il trouvait ici dans la société des savants et des gens de lettres venant à lui manquer, il ne s’ennuie un peu au milieu des grandeurs.


14.
LAGRANGE À LAPLACE.
Berlin, 8 septembre 1780.
Monsieur et très illustre Confrère,

Ce paquet vous sera rendu par M. Lexell[1], dont vous connaissez déjà le mérite ; je crois que vous serez enchanté de connaître aussi sa

  1. André-Jean Lexell, géomètre, qui, malgré son mérite, a été oublié dans les biographies. Voici les renseignements que j’ai pu trouver sur lui dans une Notice insérée au t. II, p. 16-ig, des Nova Acta de l’Académie de Pétersbourg. Né à Abo (Finlande), il obtint du roi de Suède la permission de se rendre à Pétersbourg où il devint membre honoraire, puis astronome de l’Académie et (octobre 1783) premier professeur de Mathématiques en remplacement d’Euler, mort le mois précédent. Lui-même mourut l’année suivante au mois de décembre. Une anecdote peut donner une idée de sa valeur scientifique. En 1768, encore complètement inconnu, il avait adressé à l’Académie de Pétersbourg un Mémoire intitulé : Methodus integrandi, nonnullis œquationum exemplis illustrata. Euler, chargé de l’examiner, fit un Rapport très favorable, et le comte Wolodimer Orlov, « qui, dans ce temps, dit la Notice, dirigeait l’Académie, ayant objecté que c’était peut-être l’Ouvrage de quelque habile géomètre qui avait bien voulu favoriser M. Lexell, M. Euler répliqua avec sa vivacité ordinaire que, dans ce cas, il n’y aurait eu que M. d’Alembert ou lui, auxquels M. Lexell était inconnu, qui auraient pu le faire ». – Un petit fait assez singulier à signaler en passant : le directeur de l’Académie, que remplaçait momentanément le comte Orlov, était la princesse de Daschkaw, dame du palais de l’impératrice Catherine.

    On trouvera plus loin une lettre de Lexell à Lagrange.