Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/110

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personne. Comme il ne vient à Paris que pour voir les savants, votre connaissance est une de celles qui doivent l’intéresser le plus, et je lui envie l’avantage qu’il aura de pouvoir s’éntretenir avec vous et profiter de vos lumières. J’ai reçu tous vos Mémoires, et je dois vous demander pardon de ne pas vous en avoir remercié plus tôt ; vous connaissez depuis longtemps ma négligence sur ce point ; c’est un défaut dont je ne puis me corriger, mais ce n’est chez moi qu’un défaut de formalités, et ma reconnaissance n’en est que plus forte et plus vraie. Je n’ai pas besoin de vous dire combien je suis content de vos dernières productions tant pis pour moi, si je ne sentais pas le prix de ce que vous faites ; mais, Dieu merci, je n’ai rien à me reprocher à cet égard, et je vous avoue que vos découvertes me donnent autant et peut-être plus de satisfaction que si elles venaient de moi. Aussi ne saurais-je vous exprimer le plaisir que m’a causé surtout la lecture du Mémoire dans lequel vous parvenez, d’une manière si élégante et si ingénieuse, par le moyen du Calcul différentiel aux différences partielles, aux théorèmes que je n’avais trouvé que par des voies indirectes et particulières. C’est un nouveau pas que vous avez fait dans la théorie des séries.

Je m’occupe présentement de quelques recherches relatives à la rotation des corps, ce qui me fournira l’occasion d’étudier plus à fond que je n’ai encore pu le faire votre beau travail sur la précession des équinoxes. Si je trouve quelque chose qui puisse mériter votre attention, je me ferai un devoir de vous en faire part. Je vous envoie dans ce paquet un exemplaire des Mémoires que vous avez déjà lus, et que vous souhaitez de relire ; je ne doute pas que vous ne poussiez beaucoup plus loin la théorie que je n’ai fait qu’ébaucher ; la matière est digne de vous occuper. La dernière feuille de ces Mémoires est double, parce qu’elle manque dans l’exemplaire du marquis de Condorcet ; je vous prie de lui remettre cette feuille de ma part, en y joignant mes plus tendres compliments ; je vous prie aussi de lui présenter, ainsi qu’à MM. d’Alembert et du Séjour, M. Lexell, qui me paraît bien digne de les connaître et d’en être connu.