Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/208

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transparence ; il en est de même de tous les corps à l’égard du son, qui tous, s’ils ne sont pas trop épais, tran\sinettent les sons, les uns pourtant plus aisément que les autres. Je souhaiterais qu’on fit plus d’expériences sur cette matière et qu’on examinât surtout si le son, en traversant un autre corps, ne souffre point quelque réfraction. Je vois bien que la chose serait assujettie à de grandes difficultés, puisque nous ne pouvons pas si aisément juger de la direction du son que de la lumière. La question que notre Académie vient de proposer pour l’année 1762 est relative à cette matière. On demande une explication mathématique, comment la représentation du son se fait dans l’organe de l’ouïe ; semblable ou analogue à celle dont on explique la représentation des objets visibles dans le fond de l’œil. Il faut bien que les rayons quasi sonores, qui partent d’un point sonore, soient réunis dans un seul point dans la cavité de l’oreille, et qu’ils y représentent une espèce d’image ou un simulacre, sans quoi il serait impossible que nous distinguassions tant de sons différents. Or une telle réunion des rayons sonores, qui sont divergents en entrant dans l’oreille, ne saurait arriver sans une espèce de réfraction ; voilà donc à quoi se réduit notre question, c’est de montrer que les rayons sonores sont assujettis à quelque réfraction sous certaines circonstances. Quelques expériences nous pourraient fournir bien de la lumière là-dessus ; par exemple, l’angle d’un bastion y pourrait servir. Si quelqu’un en criait bien

angle de bastion stylisé
angle de bastion stylisé

fort, un autre en devrait juger suivant quelle direction il écouterait le son. Or, ayant bien développé les circonstances sous lesquelles la direction du son souffre quelque changement, on ne manquera pas de rencontrer de pareilles circonstances dans la structure de l’oreille. Puissiez-vous vous résoudre, Monsieur, à travailler sur cette ques-