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19.
EULER À LAGRANGE.
Berlin, 9 novembre 1762[1].
Monsieur,

Je dois être infiniment flatté de la distinction toute particulière, dont la nouvelle Académie Royale des Sciences vient de m’honorer, en accordant une place dans ses Mémoires à mes faibles recherches sur la propagation du son, que j’avais pris la liberté de vous envoyer. Je connais tout le prix de cette distinction, et j’en suis le plus vivement touché ; ce que je vous supplie, monsieur, de témoigner, à l’illustre Académie, et de lui présenter mes très humbles remerciments en l’assurant de ma plus haute vénération et de mon attachement le plus inviolable. Mais je ne sens aussi que trop que c’est uniquement à vous que je suis redevable de cette glorieuse distinction. Je vous en suis infiniment obligé, de même que des deux exemplaires du premier Recueil académique que vous m’avez bien voulu envoyer. Vous ne douterez pas que je ne l’aie parcouru avec la plus grande avidité, et je fus tout à fait surpris de l’excellence et de la richesse des Mémoires que ce Recueil renferme. Vous en particulier, Monsieur, vous y avez véritablement prodigué vos profondes découvertes ; tout autre en aurait eu abondamment de quoi fournir à plusieurs Académies et à plusieurs Volumes, pendant que vous y avez ramassé en quelques morceaux des sciences entières et accomplies, dont la moindre particule aurait coûté à d’autres les plus pénibles recherches. Vous ne craignez pas de vous épuiser pour les Volumes suivants, puisque vos ressources sont inépuisables et je suis tout stupéfait, quand je pense seulement que les Volumes suivants ne brilleront pas moins de nouvelles découvertes, quoique je ne puisse pas encore comprendre sur quelles matières elles rouleront. Mais je vous avoue franchement, que je ne suis quasi

  1. Ms. f° 18. – Opera postuma, t. II, p. 564.