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ment d’engager des grands hommes dans toutes les Sciences, pour venir s’établir à Pétersbourg et y travailler conjointement à l’avancement des Sciences.

Vous comprendrez aisément, Monsieur, que vous avez été le premier que j’ai proposé à sa Majesté Impériale, et je m’estimerais infiniment heureux, si je pouvais vous persuader d’accepter une telle vocation, qui sera toujours aussi avantageuse qu’honorable pour vous. Je comprends bien que le grand éloignement et le climat rude vous causeront d’abord une horreur ; mais, comme je connais parfaitement cet endroit y ayant séjourné pendant quatorze ans, et que j’y retourne avec le plus grand empressement, je vous puis assurer que la ville de Pétersbourg renferme à la fois tous les agréments qu’on ne trouve que séparément dans les autres lieux, et qu’on y a des moyens de se garantir du froid, de sorte qu’on y en est beaucoup moins incommodé que dans les pays plus chauds.

Je vous prie donc, Monsieur, de faire réflexion sur cette proposition et de m’en marquer votre sentiment au plus tôt, avant que je parte d’ici, ce qui pourrait bien encore traîner quelques mois.

J’ai l’honneur d’être, avec la plus parfaite considération et le plus inviolable attachement, Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,
L. Euler.

22.
EULER À LAGRANGE.
À Saint-Pétersbourg, ce 9 janvier 1767, st. v.[1].
Monsieur et très cher ami,

J’espère que vous m’excuserez que j’ai manqué de vous répondre à la lettre dont vous m’aviez honoré encore de Turin. La grande distrac-

  1. Ms. f° 21 bis. – Opera postuma, t. II, p. 568.