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Adieu, mon très cher et très illustre Confrère, je vous embrasse de tout mon cœur.


5.
LAGRANGE À CONDORCET.
Berlin, ce 19 octobre (1773)[1].

Mon cher et illustre ami, étant incertain de votre demeure, j’ai différé jusqu’à présent à vous répondre et à vous remercier du beau présent dont vous m’avez honoré. J’ai lu vos Éloges avec la plus vive satisfaction ; ils m’ont également plu pour le fond et pour la manière. Le style simple, noble et vrai dont ils sont écrits me paraît le seul propre à ces sortes de matières et les rend infiniment supérieurs à beaucoup d’autres qui ne brillent que par un style précieux ou guindé. J’ai d’avance une grande idée de l’Histoire des Sciences à laquelle vous vous proposez de travailler ; je vous exhorte de tout mon cœur à ne pas perdre cet objet de vue ; vous êtes plus en état que personne de le bien remplir, parce que vous joignez l’ardeur de la jeunesse à un grand fond d’esprit et de savoir. J’attends avec beaucoup d’empressement les Mémoires que vous m’annoncez, parce que je ne doute pas qu’ils ne soient aussi intéressants que les précédents, et que je ne les lise avec autant de plaisir et de fruit. La matière du Calcul intégral que vous avez particulièrement entrepris d’approfondir est maintenant une des plus importantes et des plus difficiles j’ai déjà eu plus d’une fois la tentation de m’y appliquer aussi, mais j’en ai toujours été distrait par d’autres objets ; d’ailleurs, je ne pourrais guère qu’ajouter des bagatelles à vos recherches et glaner après vous.

  1. Ms. f° 46. – Cette Lettre n’est point datée, mais il ne peut y avoir de doute sur l’année où elle a été écrite. En effet, l’Ouvrage pour lequel Lagrange adresse ses remerciements à Condorcet est celui qui a paru, en 1773, sous le titre de : Éloges des Académiciens de l’Académie royale des Sciences, morts depuis 1666 jusqu’en 1699 ; Paris, in-12. Ils ont été réimprimés dans les Tomes II et III de l’édition des Œuvres de Condorcet, publiée par Arago.