Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/286

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mais vous ne le recevrez que lorsque l’équipage de M. le marquis de Rosignan sera arrivé ; je profiterai des occasions qui se présenteront pour vous envoyer la suite de cet Ouvrage, à mesure qu’elle paraîtra. Je vous remercie d’avance de tout ce que vous voulez bien m’envoyer ; mais je vous avoue que j’ai maintenant quelque inquiétude sur l’envoi de Rabbi, à cause des grandes armées qui sont maintenant en campagne et qu’on ne peut éviter de traverser pour entrer dans ce pays, à moins de faire un grand détour. J’ai répondu à tous les articles de votre dernière lettre, dans celle que j’ai insérée dans le paquet que M. Verney vous remettra à son arrivée à Turin ; ainsi je n’y reviendrai plus ici. Je ne vous donnerai pas non plus des nouvelles de guerre, ne s’étant jusqu’à présent encore rien passé, du moins que je sache, entre les différentes armées ; mais, comme on assure que le Roi est entré en Bohême, on ne tardera pas à apprendre quelque chose d’intéressant. Je vous félicite de n’êtreque spectateur de cette grande tragédie qui va se jouer dans nos quartiers.

Je suis bien fâché du désagrément que vient d’avoir notre ami Denina[1], que j’aime et que j’estime infiniment. J’espère qu’on aura égard à son mérite et à l’honneur qu’il fait à sa patrie ; mais ce que je n’espère presque pas, c’est qu’il puisse se corriger de ces petites étourderies, qui, dans un pays tel que le vôtre, ne laissent pas de faire beaucoup de mal. Je crois que, en général, un des premiers principes que doit avoir tout homme sage, c’est de se conformer strictement aux lois du pays dans lequel il vit, quand même il y en aurait de déraisonnables. D’ailleurs, j’ai toujours observé que, en général, les Ouvrages, qui ont attiré le plus de contradictions et de tracasseries à leurs auteurs, n’étaient pas ceux qui étaient les plus propres à leur acquérir une réputation solide, témoin l’Encyclopédie et plusieurs autres Ouvrages français et même italiens. Notre grand Galilée ne doit sa vraie gloire qu’à ses découvertes sur le mouvement et sur les satellites de

  1. Il avait publié un Livre intitulé Dell’impiego delle personne (Florence, 1777). L’édition fut supprimée ; et l’auteur exilé à Verceil perdit la chaire qu’il occupait à l’Université de Turin.