Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/287

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Jupiter. Ses fameux Dialogues, auxquels il a dû tous ses malheurs sont le moins bon de tous ses Ouvrages, et l’on n’en peut plus soutenir la lecture. Sans eux, il aurait vécu plus heureux, et serait peut-être devenu encore plus grand par d’autres découvertes. Je gage que le nouvel Ouvrage de notre ami, dont il n’a que du chagrin, est bien au-dessous de son Histoire d’Italie[1], qui ne lui a produit que de la satisfaction. Que ne s’exerce+il dans la carrière de l’Histoire, où il a déjà eu tant de succès ? C’est la partie de la Littérature que j’estime le plus, et où il y a le moins de danger, pourvu qu’on veuille adopter la devise que devrait prendre tout historien sine ira et studio. J’ai été autrefois plus que personne entiché de ces petitesses, et irrité des persécutions auxquelles je voyais souvent les gens de lettres exposés mais je vous assure que j’en suis bien désabusé. L'âge et peut-être plus encore le climat où je vis m’ont donné un sang-froid que je n’avais pas, et qui me fait voir maintenant bien des choses sous un autre aspect que celui où j’avais coutume de les voir.

Je joins aux deux jetons une médaille de l’Impératrice de Russie, frappée à l’occasion du dernier Jubilé académique, et que j’ai reçue de l’Académie. On m’a dit que la tête de l’Impératrice est très ressemblante.

Voici deux Lettres que je prends la liberté de vous envoyer et que je vous prie de remettre à leurs adresses. Saluez de ma part tous nos amis communs, et donnez-moi surtout des nouvelles de notre ami Denina, pour qui je prends tout l’intérêt qu’un mérite tel que le sien peut inspirer. Je vous prie aussi de dire au Dr Cigna[2] que je viens enfin de recevoir son paquet du 10 novembre, et que je lui répondrai incessamment j’ai demandé de ses nouvelles à M. Richeri, secrétaire de M. le comte Fontana, qui est son compatriote et même son parent, suivant ce qu’il m’a dit, mais il n’a pu m’en donner ne l’ayant pas vu avant son départ de Turin.

Conservez-moi votre précieuse amitié dont je fais le plus grand cas,

  1. Son Ouvrage Delle rivoluzioni d’Italia avait paru de 1769 à 1771, 9 vol in-4o.
  2. J. Fr. Cigna, anatomiste, né à Mondovi, le 2 juillet 1734, mort à Turin en 1790.