Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/296

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vernement, non par la force des armes, mais par celle de la parole et de l’opinion publique.

Je vous remercie de tout mon cœur de la part que vous voulez bien prendre à ce que l’Assemblée nationale a fait à mon égard. Si elle m’a conservé la pension que le Roi m’avait donnée, c’est qu’elle a voulu respecter un engagement dont les titres existaient au bureau des Affaires étrangères, et d’après lequel j’avais demandé mon congé à Berlin pour venir m’établir en France. Je ne crois pas que Mirabeau y ait contribué en rien ; il était alors dans un tourbillon qui ne lui permettait pas de s’occuper d’affairesparticulières, et nous ne nous sommes point vus pendant tout le temps qu’il a été à l’Assemblée. J’ai été bien flatté de l’honneur qu’on m’a fait de m’inviter à venir en Toscane ma répugnance à changer de situation sans nécessité, et surtout à entreprendre une nouvelle carrière, m’a empêché d’en profiter ; je n’en suis que plus sensible à vos bontés qui me l’ont attiré. Le séjour de Paris'n’a rien perdu de ses avantages et de ses agréments pour ceux qui ne les faisaient pas consister à faire leur cour et à attraper des grâces ; il a même acquis un plus grand intérêt par la discussion publique des principaux objets du gouvernement. Je désirerais bien que vos campagnes fussent dans les environs de Paris, qui ne le-cèdent peut-être à ceux de Naples que par le climat ; nous pourrions y philosopher quelquefois sur la vanité et la fragilité des choses humaines, dont on a eu ici un grand exemple ; mais je ne puis que vous offrir de loin les assurances des vrais sentiments d’estime et d’attachement que vos bontés m’ont inspirés pour la vie. J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Prince,

Votre très humble et très obéissant serviteur,
De Lagrange.