Les qualités de son cœur égalent certainement celles de son esprit ; vous en jugerez par vous-même, mieux encore de ce que je puis vous en dire, et j’ai tout lieu d’espérer que vous reconnaîtrez en lui un homme qui peut mériter votre amitié et votre estime.
Vous sentez combien sa commission est difficile et délicate ; j’espère néanmoins qu’il réussira au gré des deux nations, et qu’il parviendra à renouer une confiance dont la réciprocité doit fixer le bonheur et la tranquillité, après laquelle je ne doute pas que soupirent les personnes honnêtes de chaque côté.
Cette douce espérance me fait encore concevoir celle de pouvoir vous embrasser, et je me flatte que vous ne me préférerez personne en arrivant dans cette capitale ; vous y serez en toute liberté, et en ami de la famille, qui ne désire pas moins que moi le bonheur de vous voir recevez ses hommages, présentez les miens à Mme votre épouse, et croyez-moi constamment avec autant d’estime que d’amitié, Monsieur et très cher ami,
P. S. – M. le comte est chargé de vous remettre le premier Recueil des Ouvrages de ma fille[1] ; elle s’est adonnée à cette partie de la littérature, et nous avons cru, sa mère et moi, ne pas devoir apporter la moindre contrainte à ses dispositions naturelles. Je souhaite que ces productions puissent vous amuser et vous procurer quelque soulagement dans les moments dont vous pouvez disposer.
(En note, de la main de Lagrange : Répondu le ier juin et envoyé un exemplaire de mon Ouvrage. Le tout remis à l’ambassade de Sardaigne.)
- ↑ Dieudonnée de Saluces, poète, née le 3 juillet 1774 à Turin où elle mourut le 24 janvier 1840. – Elle avait épousé, en 1799, le comte de Revel, qui mourut au bout de trois ans. Le premier Recueil de ses poésies, celui dont parle son père, venait de paraître à Turin, in-12.
