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9.
LAGRANGE À CONDORCET.
À Berlin, ce 20 juin (1774)[1].

Vous aurez sans doute déjà appris que notre Académie a renvoyé le prix sur les comètes voici maintenant le programme qu’elle vient de publier[2] ; je suis assuré que, si l’auteur de la pièce que vous connaissez voulait y faire les additions nécessaires pour faciliter l’usage des méthodes qu’il propose, et les mettre à la portée des astronomes, il ne pourrait manquer de réunir tous les suffrages en sa faveur ; si le mien en particulier peut le flatter en quelque façon, je vous prie de lui dire que j’ai lu son Ouvrage avec beaucoup de satisfaction, qu’il m’a paru qu’il annonçait un génie profond et des connaissances de calcul très étendues, et qu’il n’aurait certainement rien laissé à désirer si les recherches qu’il contient avaient joint au mérite de la généralité celui des détails nécessaires pour la pratique. Dans l’article 3 du Chapitre I, où il est question de déterminer l’orbite de la comète supposée rectiligne d’après trois observations, l’auteur trouve que le problème est de l’onzième degré, et il exige une quatrième observation pour en obtenir une solution approchée ; mais, en choisissant d’autres inconnues, on parvient facilement à une solution complète de ce problème qui n’est de sa propre nature que linéaire, comme on peut le voir par un Mémoire

  1. Ms. f° 25. – La date de 1774 n’est pas douteuse, car c’est dans son assemblée du 2 juin de cette année que l’Académie des Sciences de Berlin remit au concours pour l’année 1776 la question relative aux comètes (voir l’imprimé qui se trouve au f° 27 du Ms.).
  2. Voici l’énoncé de la question mise au concours, tel que le donne le Recueil de l’Académie de Berlin : « Il s’agit de perfectionner les méthodes qu’on emploie pour calculer les orbites des comètes d’après les observations ; de donner surtout les formules générales et rigoureuses qui renferment la solution du problème où il s’agit de déterminer l’orbite parabolique d’une comète par le moyen de trois observations et d’en faire voir l’usage pour résoudre ce problème de la manière la plus simple et la plus exacte. » (Histoire de l’Académie royale de Berlin, année 1774, p. 8). Ce prix, qui devait être adjugé en 1774, fut remis à l’année 1778, et le 4 juin de cette année il fut partagé entre Condorcet et un capitaine d’artillerie dans l’armée prussienne, Georges-Frédéricde Tempelhoff, qui devint Membre de l’Académie en 1786.