Je suis, mon cher et illustre ami, depuis trois semaines incommodé d’un rhume affreux qui m’interdit toute sorte d’application, et qui me permet à peine d’écrire. Je ne veux cependant pas différer plus longtemps à vous donner de mes nouvelles, et à répondre à votre lettre du 25 octobre qui m’est parvenue dans son temps, et par laquelle j’ai été charmé d’apprendre que vous aviez reçu et goûté mon Mémoire sur les inclinaisons des planètes. Je suis infiniment sensible à ce que vous me dites de flatteur sur ce sujet ; et je vous prie d’être convaincu que personne ne fait plus de cas de votre suffrage ni n’en sent mieux le prix que moi. M. d’Alembert me mande[2] que vous venez de faire avec lui à l’Académie le rapport de mon Mémoire; je serais assez curieux de savoir comment il aura été reçu par vos astronomes ; mais je le suis surtout d’apprendre le résultat de la comparaison des déterminations que M. Le Gentil[3] a apportées des Indes, avec mes Tables. Si cette comparaison se trouvait sujette à des difficultés, je m’en chargerais volontiers moi-même, et je la ferais pour plus d’exactitude, non avec les Tables, mais avec les formules mêmes, de la précision desquelles je crois pouvoir répondre hardiment, puisque les calculs numériques ont été refaits à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il ne restât plus de scrupule sur leur justesse.
J’ai reçu votre dernier paquet contenant vos Mémoires pour l’an-
- ↑ Ms. f° 227.
- ↑ Voir la Lettre du 15 décembre 1774, t. XIII, p. 293, et les procès-verbaux manuscrits de l’Académie, année 1774, séance du 14 décembre, f° 312 v°.
- ↑ G.-J.–H.–Jean-Baptiste Le Gentil de la Galaisière, astronome, Membre de l’Académie des Sciences (1753), né à Coutances le 12 septembre 1725. mort le 22 octobre 1792. Il avait été envoyé dans l’Inde en 1760 pour y observer le passage de Vénus sur le Soleil (1761) et ne revint en France qu’à la fin de 1771. Son Voyage dans les mers de l’Inde parut de 1779 à 1781 (2 vol in-4o).
