Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/57

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vous me donniez d’assez bonnes nouvelles de sa santé. J’observe en général que les gens de lettres, s’ils ne meurent pas d’indigestion, vivent assez longtemps, et les géomètres peut-être encore plus que les autres, témoin Newton, Bernoulli, etc. Je vous prie de l’embrasser de ma part, et de lui dire que j’ai reçu sa dernière lettre, à laquelle je n’ai pas encore répondu, parce que je me flattais toujours de pouvoir le faire de vive voix je m’acquitterai de ce devoir incessamment.

J’ai reçu la deuxième Partie de vos Mémoires de je n’ai encore eu le temps que de les feuilleter ; le Mémoire de M. de Vandermonde sur l’élimination m’a surtout frappé. Tout ce qui sort de sa plume me plaît singulièrement ; j’y trouve un air de simplicité, de généralité et d’originalité qui m’enchante. J’ai reçu aussi en même temps vos expériences sur le système des fluides. C’est un des Ouvrages les plus intéressants qui aient paru jusqu’ici par l’importance de la matière et par la délicatesse et la précision avec laquelle elle est traitée. Vous jugez bien que je n’ai pas manqué de lire la belle théorie que vous y avez ajoutée ; vous vous moquez de moi quand vous dites qu’elle n’a d’autre avantage que d’être moins savante que la mienne ; je crois au contraire que c’est ce que j’aurais dû dire de la mienne si la vôtre m’avait été connue. J’attends une occasion pour vous envoyer mes recherches sur les équations linéaires à différences partielles et sur leur application aux problèmes de la théorie des hasards. Elles sont imprimées depuis longtemps, mais je n’ai pu trouver encore une conjoncture favorable pour vous les envoyer. Je serais flatté que vous y trouvassiez quelque chose à revendiquer ; cela prouveraitque j’ai profité de vos Ouvrages. J’attends avec impatience celui que vous m’annoncez sur le Calcul intégral, et je me propose aussi d’en faire bien mon profit. Quoique vous ne me disiez pas si vous êtes bien aise d’avoir un exemplaire de nos Tables astronomiques dont j’en ai envoyé un à M. d’Alembert, je vous le ferai néanmoins parvenir en même temps que mes Mémoires si vous ne vous souciez pas de ces sortes d’Ouvrages,vous pourrez en obliger quelqu’un de vos amis. On imprime actuellement ici les Tables de Gardiner ; mais l’édition en sera plus commode, plus belle et infiniment plus complète