Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/60

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de cette année. Vous ne devez point regarder cette demande comme une indiscrétion de la part de la personne qui m’a chargé de vous la faire ; elle n’a aucune prétention au prix, et elle verra avec plaisir les succès des autres concurrents, soit qu’elle puisse êtré du nombre ou non. J’ai envoyé ces jours passés à M. d’Alembert un paquet contenant mes Mémoires pour le Volume qui est sous presse. Il y en a un très long, sur les équations aux différences finies et partielles, sur lequel je suis empressé de savoir votre jugement. Son mérite, s’il en a quelqu’un, consiste moins dans la méthode que dans les applications que j’en fais à différentes questions de la théorie des hasards, et c’est surtout sur cette partie de mon travail que je vous demande votre avis. Vous devez avoir reçu ma réponse à la lettre que vous m’écrivîtes pour m’annoncer l’élection de M. Margraff ; je crains que ni vous ni moi nous n’ayons l’avantage de le posséder longtemps. Il est depuis deux ans paralytique de la moitié du corps, et il est maintenant obligé de garder le lit. J’ai vu ces jours passés la foudre de bien près elle est tombée sur la maison que j’habite,\ldots,et une grande flamme ondoyante a paru dans la chambre où j’étais, à environ 9h du soir, venant d’un croc de fer qui est au milieu du plafond, et y a laissé une très forte odeur de soufre et de poudre à canon mais heureusementj’en ai été quitte pour la peur, et il n’y a eu absolument aucun dommage chez moi mais, dans l’appartement contigu au mien, ce coup de tonnerre a fait beaucoup de ravages, et, par les trous qu’il a laissés, on voit qu’il a choisi de préférence les endroits où il y a du fer, en brisant ce qui pouvait s’opposer à son passage. Adieu, mon cher et illustre ami, je vous embrasse de tout mon cœur et jevous souhaite une bonne santé. Mes compliments à M. d’Alembert ; puisqu’il ne veut pas nous venir voir, il faudra bien que je me résolve à l’aller voir moi-même.

À monsieur le marquis de Condorcet,
Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Sciences,
Hôtel des Monnaies, à Paris
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