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5.
LAGRANGE À LAPLACE.
Berlin, 30 décembre 1776.
Monsieur et très illustre Confrère,,

Je comptais attendre pour vous écrire que je pusse vous envoyer en même temps un exemplaire de mes recherches Sur l’intégration des équations linéaires aux différences finies partielles, dont l’impression est presque achevée. Mais votre dernière lettre me détermine à ne pas différer davantage ma réponse.

Il est vrai que j’ai eu autrefois l’idée de donner une traduction de l’Ouvrage de Moivre, accompagnée de notes et d’additions de ma façon[1], et j’avais même déjà traduit une partie de cet Ouvrage ; mais j’ai depuis longtemps renoncé à ce projet, et je suis enchanté d’apprendre que vous en avez entrepris l’exécution, persuadé qu’elle répondra à la haute idée qu’on a de tout ce qui sort de votre plume. Je vous exhorte donc aussi de mon côté à continuer ce travail, et j’applaudis d’avance à vos succès de tout mon cœur. Comme mon Mémoire sur les équations finies contient la solution analytique de quelques problèmes de Moivre qui ne sont résolus dans son Traité que par des voies indirectes et quelquefois sans démonstration, vous jugerez si vous pouvez en faire quelque usage. Je vous assure que je n’ai aucune prétention à cet égard, et je ne vous demande d’employer le peu que j’ai fait que lorsque vous n’aurez rien de mieux à y substituer.

J’ai lu tous vos Mémoires avec autant de plaisir que d’admiration ils n’ont fait qu’augmenter en moi l’opinion que j’ai depuis longtemps

  1. Je crois qu’il s’agit du Traité intitulé : The doctrine of chances, or a method of calculating the probabilities of events in play, qui a eu plusieurs éditions ; la première est de 1716, la dernière de in-4o. Abraham Moivre, habile géomètre, né le 26 mai 1667 à Vitry en Champagne, mort à Londres le 27 novembre 1754. Il était protestant et, lors de la révocation de l’édit de Nantes, il fut enfermé au prieuré de Saint-Martin. Il recouvra sa liberté en 1688, et se retira immédiatement en Angleterre.