Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/83

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d’un Mémoire, si je ne suis pas prévenu sur ce sujet par vous ou par quelque autre.

Si vous voyez M. du Séjour, je vous prie de lui renouveler l’assurance des vifs sentiments d’estime et d’amitié que je lui ai voués je viens de lire ses recherches sur les racines imaginaires[1], et j’en suis extrêmement content ; si sa méthode s’applique avec autant de succès aux équations du cinquième degré, je la regarde comme une des plus belles découvertes qu’on ait faites c’est pourquoi je suis impatient de voir la suite de ses recherches. Je le suis également de lire celles que vous m’annoncez sur les oscillations des fluides qui recouvrent les planètes, et sur l’équilibre des sphéroïdes hétérogènes et non de révolution je compte de supprimer ce que j’ai trouvé sur ce dernier sujet, jusqu’à ce que j’aie vu le résultat de votre travail, et j’en ferai de même à l’égard d’un Mémoire sur les racines imaginaires, que j’ai composé depuis longtemps ; je serai charmé que l’Ouvrage de M. du Séjour le rende inutile.

Adieu, mon cher et illustre Confrère ; je vous prie de me regarder comme un de ceux qui vous aiment et vous admirent le plus, et qui sont le plus portés à vous rendre toute la justice que vous méritez. J’ai toujours envisagé la Géométrie comme un objet d’amusement plutôt que d’ambition, et je puis vous assurer que je jouis beaucoup plus des travaux des autres que des miens, dont je suis toujours mécontent ; vous voyez par là que, si vous êtes exempt de jalousie par vos propres succès, je ne le suis pas moins par mon caractère. Le plaisir de m’entretenir avec vous m’a entraîné, et il ne me reste de papier que pour vous embrasser.


  1. Mémoire dans lequel on propose une méthode pour déterminer le nombre des racines réelles et des racines imaginaires des équations (Recueil de l’Académie), année 1772, IIe Partie, p. 377. Le Volume porte la date de 1776.