Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/92

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considérable, si l’on supposait la Terre immobile, en transportant en sens contraire à l’astre son mouvement angulaire de rotation ; on pourrait cependant dire alors avec M. Bernoulli que les changements qui sont dus au mouvement de l’astre sont trop vites pour que les marées puissent s’y accommoder.

La longueur de ces recherches m’a empêché d’insérer dans ce même Volume ce qui est relatif à la précession des équinoxes et aux oscillations de l’atmosphère ; mais je ne crois pas que cette suite tarde à être imprimée, et je vous l’enverrai aussitôt. Je désirerais bien que ces faibles productions pussent m’acquitter de ce que je vous dois, par rapport aux excellents Mémoires que vous me faites l’amitié de m’envoyer ; mais je sens que, malgré tous mes efforts, je ne pourrai jamais être dispensé de la reconnaissance. Au reste, ce sentiment, loin de m’être pénible, m’est extrêmement doux, parce que rien ne peut me flatter davantage que cette marque d’amitié de la part d’un des hommes pour lesquels j’ai le plus d’estime, et dont j’admire le plus les talents.

Il ne paraît rien de nouveau, en Géométrie, à Paris ; mais on imprime actuellement un Ouvrage de M. Bézout, dont l’objet est une théorie générale de l’élimination entre un nombre quelconque d’équations et d’inconnues, quel que soit le degré des équations[1]. Je ne connais cet Ouvrage que par la lecture que l’auteur en a faite à l’Académie, et par le peu qu’il m’en a dit ; il m’a paru très bon, et d’autant plus intéressant qu’il me semble que les recherches des géomètres s’étaient jusqu’ici bornées à éliminer entre deux équations et deux inconnues.

M. du Séjour va faire imprimer incessamment une très belle théorie de l’inflexion des rayons de lumière, lorsqu’ils traversent les atmosphères des planètes et de leurs satellites ; il se propose de vous en envoyer un exemplaire, lorsqu’elle sera imprimée. Il me charge dans ce moment de vous renouveler les assurances des vifs sentiments d’estime et d’amitié que vous lui avez inspirés. Adieu, mon très cher et très illustre Confrère, aimez-moi toujours un peu, et soyez persuadé que

  1. Théorie générale des équations algébriques, 1779, in-4o.