Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/96

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simplicité de votre analyse, m’a causé un plaisir que je ne puis vous rendre. Lorsque je trouvai le grand axe constant, dans le cas des orbites peu excentriques, je pressentis que cela devait avoir lieu quelle que fût l’excentricité des orbites, et je me proposais d’en faire un jour l’objet de mes recherches ; mais je suis doublement charmé que vous m’ayez prévenu à cet égard, parce que vous avez exécuté ce travail infiniment mieux que je ne le puis faire, et que d’ailleurs votre autorité est bien propre à détruire le préjugé que les recherches antérieures et celles de M. Euler pouvaient élever dans l’esprit des astronomes contre l’éx\delta ctitude de mes résultats. Je souhaite que cela puisse déterminer quelques-uns d’entre eux à soumettre à un nouvel examen les observations d’après lesquelles on a cru reconnaître une inégalité dans les mouvements moyens de Jupiter et de Saturnie, inégalité qui, si elle existe, ne peut être l’effet de leur action mutuelle, puisque, pour la trouver dans les termes proportionnels au carré des masses perturbatrices, il faudrait, comme je l’ai observé, avoir encore égard aux excentricités des orbites, ce qui ne produirait que des quantités absolument insensibles.

J’ai su par M. d’Alembert que vous avez reçu la suite de mes recherches sur le système du monde si vos occupations vous laissent le loisir de les parcourir, vous m’obligerezinfinimentde m’en dire votre avis, comme je crois vous en avoir déjà prié dans la lettre qui y était jointe ; je finis en vous assurant que rien ne peut ajouter aux vifs sentiments d’amitié, d’estime et de reconnaissance dont je suis pénétré pour vous, et avec lesquels je serai toute la vie, Monsieur et très cher Confrère,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Laplace.