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9.
LAGRANGE À LAPLACE.
Berlin, 5 juillet 1779.
Monsieur et très illustre Confrère,

Les Mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer me sont parvenus dans une conjoncture où j’étais occupé moi-même de quelques recherches que je ne pouvais interrompre, et dont je craignais que la lecture de votre Ouvrage pût me distraire. Par cette raison, j’ai cru devoir remettre cette lecture au temps où je serais entièrement débarrassé de mon travail ; et il est arrivé que différentes circonstances, et surtout la malheureuse habitude que j’ai contractée de refaire plusieurs fois les mêmes choses jusqu’à ce que j’en sois passablement content, ont prolongé ce travail beaucoup au delà du temps que j’avais fixé. Voilà ce qui a retardé si longtemps ma réponse, et mes remerciements. Je vous supplie de ne pas m’en savoir mauvais gré et de me pardonner ma négligence, qui a presque été involontaire et que je me suis souvent reprochée.

Vos nouvelles recherches sur le flux et le reflux de la mer m’ont plu infiniment ; elles ne me paraissent laisser rien à désirer sur ce sujet, qu’on peut regarder comme un des plus difficiles et des plus importants du système du monde. La manière dont vous déterminez l’équilibre ferme des planètes est très ingénieuse, et me paraît la seule qu’on puisse employer pour avoir une solution générale et rigoureuse du problème. Je vous loue de n’avoir pas fait mention de votre querelle avec le P. Boscowich j’en aurais fait de même à votre place je regarde les disputes comme très inutiles à l’avancement des sciences et comme ne servant qu’à faire perdre le temps et le repos.

J’ai beaucoup admiré votre solution du problème de la précession des équinoxes, et je regarde comme une découverte bien curieuse et bien importante la partie de cette solution qui concerne la réaction des eaux. Il est très remarquable qu’il n’en résulte que des termes de la