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ESTERHAZY


tenu Bernheim qu’Esterhazy écrit, de Rouen[1], la lettre qui est si terriblement fameuse sous le nom de bordereau. Les notes qu’il y énumère, il les rédige avec ses souvenirs de Châlons, qu’il vient de faire préciser, mais qu’il brouille encore, et à l’aide de quelques journaux rapportés du camp[2]. Les deux notes qui sont relatives à l’artillerie, celle où il est question de Madagascar, correspondent aux études poursuivies, en août, au camp de Châlons, aux sujets traités par la France militaire. Comme la première phrase l’indique, la lettre fait suite à une ou à plusieurs autres qui sont restées sans réponse : « Sans nouvelles m’indiquant que vous désirez me voir, je vous adresse cependant, Monsieur, quelques renseignements intéressants. » Schwarzkoppen est encore absent, aux manœuvres prussiennes ; il n’a pu, dès lors, donner à Esterhazy le rendez-vous demandé[3]. Cet espion con-

  1. Cass., I, 539, Hartmann ; Rennes, I, 392, Picquart ; III, 175, Sebert. — Voir p. 113. — Sur la date du bordereau, il y a presque unanimité, depuis 1898, pour la fixer au mois d’août. « Il est de la fin d’août, « (Cass., I, 20, Cavaignac). « Il ne peut être que de la fin d’août. » (Cass., I, 349, Cuignet.) « Tout concourt à démontrer que c’est au mois d’août, dans les derniers jours du mois, que le bordereau a été écrit. » (Note du ministre de la Guerre, du 28 mai 1898 ; liasse 5, dossier 5, cote 10, p. 21 ; Cass., III, 104.) — Schwarzkoppen a dit, formellement, à Panizzardi qu’il reçut, en septembre, les documents qui sont énumérés au bordereau. — En 1894 (et jusqu’au procès d’Esterhazy), les accusateurs de Dreyfus donnèrent au bordereau la date d’avril ou de mai 1894. (Voir t. 1, 60, 195, 290, 409, etc.)
  2. J’ai cité plus haut (p. 100.) les articles de la France militaire qui parurent pendant le séjour d’Esterhazy à Châlons. On peut y joindre l’article des Sciences militaires sur le 6e corps et les troupes de couverture (numéro de mai 1894).
  3. Rennes, III, 170, général Sebert : « On voit dans cette phrase que le rédacteur est-en relations suivies avec son correspondant ; on y sent le reproche discret de le laisser sans nouvelles et, probablement, sans envoi de fonds.