Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


même papier qu’on cherchera en vain pour attribuer le bordereau à Dreyfus.

Enfin, et encore selon son habitude, Esterhazy a multiplié les impropriétés de langage[1]. La technicité, la précision (souvent pédantesque) de l’artilleur lui font défaut. Dans une seule et même phrase, il qualifie inexactement le frein du nouveau canon[2], désigne cette pièce sous un vocable incomplet[3] et parle de la manière dont elle s’est conduite (pour comportée). Plus loin, il introduit un non-sens jusque dans le titre du manuel qu’il appelle : « manuel de tir de l’artillerie de campagne », — comme si le mot final s’appliquait au personnel, non au matériel de l’arme, — au lieu de : « manuel de tir d’artillerie de campagne[4] ».

    Ces papiers ont la même transparence ; le poids peut être considéré comme identique ; le collage est le même ; les matières premières employées à la fabrication sont composées, dans les trois pièces, de cellulose de bois chimique avec un très faible mélange de chiffon. » — Esterhazy nie, en décembre 1897, avoir jamais écrit sur papier calque (Cass., II, 110). En janvier 1899, il convient « qu’il a toujours eu du papier très mince et quadrillé qu’on trouve à bon marché, très commode parce qu’il offre un petit volume et qui permet au besoin, avec les quadrillages qui tiennent lieu de graduation et les transparences, de décalquer, aux manœuvres, un bout de carte ou de faire un travail analogue ». (Cass., I, 597.)

  1. Cass., I, 474, Sebert ; 509, Moch ; 617, Ducros ; 531, Hartmann. — Rennes, III, 170, Sebert.
  2. Hydraulique pour hydropneumatique. — L’expression serait correcte s’il s’agit du 120 long, ainsi que le supposent Picquart et le général Sebert, qui prennent la rubrique telle qu’elle est ; mais alors le renseignement est sans valeur aucune. (Rennes, III, 189, Hartmann.)
  3. Le 120. « Le canon de 120 court, celui qui fut expérimenté à Châlons, est dit court par opposition au canon de 120 de siège et de place qui est dit long. » (Cass., I, 523, Hartmann.) Un artilleur eût jugé nécessaire de préciser et de dire s’il envoyait des renseignements sur le frein à réservoir d’air comprimé ou sur l’autre.
  4. Cass., I, 513, Moch ; Rennes, III, 174, Sebert.