Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sentiments et de pensées qui seront achevés ailleurs.

XXVI.

Où vont nos idées ? Elles vont dans la mémoire de Dieu.

XXVII.

Dieu, en les créant, parle aux âmes et aux natures, et leur donne des instructions dont elles oublient le sens, mais dont l’impression demeure. De cette parole et de ce rayon ainsi déposés, il nous reste, dans les plus grands obscurcissements de l’âme et dans les plus grandes inattentions de l’esprit, une espèce de bourdonnement et de crépuscule qui ne cessent jamais, et nous troublent tôt ou tard dans nos dissipations extérieures.

XXVIII.

Dieu mettra-t-il les belles pensées au rang des belles actions ? Ceux qui les ont cherchées, qui s’y plaisent et s’y attachent, auront-ils une récompense ? Le philosophe et le politique seront-ils payés de leurs plans, comme l’homme de bien sera payé de ses bonnes œuvres ? Et les travaux utiles ont-ils un mérite, aux yeux