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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/47

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Wou-ta se levait à chaque instant pour transvaser le vin, à la grande satisfaction de Kin-lièn, qui souriait et ne bougeait pas de sa place. « Mon beau-frère, continua-t-elle sans plus de façon, pourquoi ne mangez-vous pas du poisson avec votre bœuf ; tenez, je vais vous choisir un beau morceau. » Wou-song, comme on l’a dit, avait des principes, une conscience délicate. Il est certain qu’il trouvait les allures de Kin-lièn un peu vives ; mais il témoignait des égards à cette jeune femme, parce qu’elle était sa belle-sœur. Au fond, pouvait-il deviner que son frère avait épousé une camériste ?... Kin-lièn, après avoir bu quelques tasses de vin, se mit à considérer Wou-song. Celui-ci n’osait pas soutenir ses regards ; il baissait la tête et finit par se lever de table. « Encore quelques tasses, » lui dit Wou-ta. — « Mon frère, c’est assez pour aujourd’hui. Je reviendrai vous voir. »

Wou-ta et Kin-lièn descendirent de la chambre ; ils accompagnèrent Wou-song jusqu’à la porte extérieure. « Mon beau-frère, dit Kin-lièn, il faut que vous veniez demeurer avec nous. Autrement, voyez-vous, notre situation est intolérable. On se moque de nous du matin au soir. ; on nous raille, et moi je ne puis pas souffrir, qu’on me raille.

—« Ma femme a raison, dit Wou-ta, venez demeurer avec, nous ; vous m’apprendrez à défendre mes droits.

— « Très volontiers, si c’est votre désir, répondit Wou-song ; je vais chercher ma valise et demander au gouverneur