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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/55

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Or, on raconte que le gouverneur du district se trouvait en possession de sa charge depuis plus de deux ans et demi. Comme il était grand concussionnaire [1] et avait reçu beaucoup d’or et d’argent, à titre de cadeaux, il désirait en envoyer une partie à ses parents, dans la capitale de l’Est. Il fit appeler Wou-song au tribunal et lui dit : « J’ai un de mes proches qui habite la ville de Tong-king. Je voudrais lui faire parvenir une caisse avec une lettre ; mais les routes sont dangereuses ; il faudrait pour une telle commission un homme sûr et d un courage à

  1. J’ignore si le Chouï-hou-tchouen est un fidèle tableau de la vie chinoise, à la fin de la dynastie des Song ; mais il est une chose que Chi-naï-ngan ne manque jamais de signaler, c’est la corruption des magistrats. Quelques pages plus loin, il attaque encore la magistrature, dans ce portrait qu’il fait de Si-men-khing. « Le lecteur dira : Quel était donc cet homme que Kin-lièn regardait furtivement à travers le treillis de la porte ? Comment se nommait-il, où demeurait-il ? — « Eh bien, c’était un habitant du district de Yang-ko, homme dune grande opulence, mais livré à tous les plaisirs. Une spéculation heureuse l’avait conduit à la fortune ; il avait ouvert une immense pharmacie dans le district. Vivant dans le libertinage depuis son extrême jeunesse, il excellait à jouer du. bâton et passait pour un des plus habiles escrimeurs de son temps. Naguère encore un crime lui ayant occasionné des démêlés avec la justice, il avait arrangé l’affaire à force d’argent, car il était parvenu à corrompre les témoins d’abord, puis les employés du tribunal, puis le greffier, enfin le juge lui-même. Les habitants du district cédaient toujours quelque chose à un homme qui s’était montré si habile et avait gagné tant d’argent. Comme il avait la réputation d’être le premier commerçant de la ville, on lavait appelé du titre honorifique de Ta-lang « seigneur ; » puis, lorsque son crédit et ses richesses eurent pris un nouveau développement, on en était venu à lui donner un titre plus honorifique encore, on l’appelait Ta-kouan-jin « grand maître. »