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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/56

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toute épreuve. Pariez-moi avec franchise ; seriez-vous disposé à faire pour moi le voyage de la capitale, sans redouter la fatigue ni les périls ?

— « Je vous dois une grande reconnaissance, répondit Wou-song ; vous êtes mon protecteur. Vous m’avez élevé au poste que j’occupe, comment oserais-je refuser ? Puisque je reçois un témoignage si honorable de votre confiance, vos ordres seront exécutés sans retard. Dès demain, je prends des informations sur mon voyage. » Le gouverneur, transporté de joie, lui versa trois tasses de vin.

Mais nous ne sommes pas à la fin de l’histoire. On raconte que Wou-song, après avoir accepté la proposition du gouverneur, redescendit dans le poste et remit quelques taels d’argent à un soldat, auquel il ordonna d’acheter des provisions de bouche ; puis, se dirigeant avec lui vers la rue des Améthystes, il arriva tout droit à la maison de Wou-ta. Justement celui-ci venait de rentrer...

Le temps n’avait pas entièrement calmé la passion de la jeune femme. Voyant que Wou-song apportait des provisions de toute espèce, Kin-lièn, réfléchissant, se dit au fond du cœur : « Est-ce que par hasard ce vaurien penserait à moi maintenant ? Oui, je n’en doute plus, le voilà qui revient ! mais c’est un homme calme ; il ne voudra pas employer la violence. Oh ! il faut que je l’amène tout doucement à une conversation particulière. » Elle monta dans sa chambre, égalisa le fard sur ses deux joues, ajusta de nouveau les nœuds de son épaisse chevelure