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DE LA LEGISLATION DES VOIES DE TRANSPORT. 227

chandises qui voyagent sur la diligence pour lesquelles une grande vi- tesse est nécessaire, ni les transports à courte distance de l’agriculture, qui, sortant de la ferme avec les chevaux du cultivateur, perdraient dans les frais du chargement en bateau et du rechargement en voiture pour aller au magasin plus que l’économie sur les frais de transport. Le canal ne peut donc prendre que les marchandises du gros roulage ; ce n’est d’ailleurs que sur elles qu’on a jamais compté. Or, comme nous venons de le dire, elles se séparent en deux classes : celles du roulage accéléré à 0 fr. 40 c., celles du roulage ordinaire à 0 fr. 20 c. Il est bien clair d’abord que celles du roulage accéléré resteront sur les routes, puisqu’elles ne veulent pas profiter du bon marché qui lui est offert par le roulage ordinaire ; elles ne profiteront pas davantage de celui des canaux. Restent donc les marchandises du roulage ordinaire. Mais veut-on savoir quelle est la tendance de ces marchandises? Citons un document officiel ( Police du roulage, rapport de la Commission , page 90) : « Le roulage a subi en France, depuis quelques années, une trans- « formation on peut dire totale. «Tous les jours on voit diminuer le nombre de ces anciens rou- « liers, propriétaires de leur équipage, dont la marche était essen- « tiellement nomade, qui n’appartenaient à aucune route; qui, avec « les mômes chevaux ou mulets, passaient de la Provence à l’Alsace et « réciproquement ; qui suivaient tel parcours de route qu’il leur plai- « sait de choisir; qui, indépendamment du coucher quotidien, se re- « posaient ou s’arrêtaient quand ils voulaient et où ils voulaient ; en- « fin, qui arrivaient quand ils pouvaient, sans prendre d’engagement à « jour fixe avec le commerce. « Cette espèce de roulage décroît dans une proportion rapide; et, au « contraire, se développe journellement comme mode ordinaire, ha- « bituel et général, le roulage régulier à départ quotidien, à marche « continue nuit et jour et par relais, service qui, par suite de ces per- « fectionnements, a pris le nom de roulage accéléré. Le commission- « naire de roulage a disparu et a fait place à l’entrepreneur de trans- « ports ; le voiturier est sur le point de disparaître également, et déjà « se trouve au moins en très-grande partie remplacé par le roulage. » Sans croire à la disparition prochaine et immédiate du roulage ordi- naire, comme le faisait l’auteur de cette citation , il n’est pas moins vrai que le roulage accéléré tend à prendre un grand accroissement aux dépens du roulage ordinaire, et qu’il est probable qu’il lui enlèvera toutes les marchandises dont la production se fait d’une manière ré- gulière, et ne subit pas d’une manière trop sensible l’influence des saisons. Quoi qu’il en soit, ce qu’il y a de bien certain, c’est que l’in- dustrie et le commerce préfèrent de plus en plus le roulage qui coûte deux fois plus cher, parce qu’il va deux fois plus vite. Est-ce donc sa- tisfaire ses besoins que de lui offrir une voie où le transport coûtera