Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/89

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nouveauté : car, comme dit M. Lemaître, toutes choses ont bien près de six mille ans, elles ont peut-être davantage.

Le premier jour ou un pâtre arya modula une onomatopée admirative ou joyeuse ou éclata en sanglots, le poème était fondé, et le poème ne servit depuis qu’à développer le cri de joie et le cri de douleur de l’humanité. Or, les sérénités pures se traduisirent habituellement par les architectures théoriques des Moïse, des Pythagore, des Platon, etc., les besoins de certitude par les Euclide, les Galilée, etc., Toute l’expérience, toute la science des formes tangibles s’analysa. Le poème fut sans cesse ou l’évocation de la légende (la concrétion des aspirations d’une race) ou son cri d’amour joyeux ou triste. Ajouter à cela qu’alternativement ce poème fut en son écriture abstrait et quasi blanc, soit que le mysticisme humain fût, dans le plus large sens du mot, religieux (charité, solidarité, passion), soit qu’il fût idolâtre (coloré, païen, réaliste) ; au premier cas la recherche d’une forme fluide, libre, musicale et vraie, car en l’essence même de la poésie elle s’adresse à l’oreille tout en cherchant à fixer des attitudes ; en l’autre cas, souvent rocailleuse et dure un peu, préoccupée de figer de simples et élémentaires polychromies. Mais ces deux formes d’art qui parfois en des époques troubles peuvent être maniées par le même poète, sont surtout et avant tout différentes et de la forme expérimentale de la science courante, et de l’allure explicative de la littérature courante. En somme, la marque de cette poésie serait d’être purement intuitive et personnelle, en opposition aux formes traditionnelles, qui sont