Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/91

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bolique. Mais il y a des mauvais poèmes, des mauvais genres de poème qui ne sont pas symboliques et que l’évolution de la poésie ébranche, on a vu disparaître l’épitre, le conte, la satire ; M. de Banville n’admet plus, en somme, qu’une ode multiforme ; Baudelaire n’admet plus que la notation brève de multiples sensations concourant à former un livre de poèmes écrits dans les mêmes tonalités. J’inclinerais à ne plus admettre qu’un poème évoluant sur lui-même, présentant toutes les facettes d’un sujet, chacune isolément traitée, mais étroitement et strictement enchaînées par le lien d’une idée unique.

Mais toutes ces choses ne préoccupent pas essentiellement Verlaine. Il n’est ni décadent (personne ne l’est), ni symboliste au sens actuel du mot (si ce mot n’est pas pure inutilité). Il est avant tout lui-même, un élégiaque, un spontané, de la lignée des Villon et des Heine. Il n’a point cru qu’il fallût enfermer sa pensée dans le moule d’un plan de drame ou de poème unique ; il interprète, il cliche ses sensations au passage en toute sincérité ; et son critérium est sa sincérité même. Toute idée qui traverse son cerveau est à ses yeux une idée humaine et naturelle : autrement d’où la percevrait-il ? or, il l’écrit, et son seul devoir est de la nettifier, de IëP clarifier le plus possible, et quoi qu’on en puisse dire il y arrive toujours. Rien de plus net, de plus joli, comme un Watteau, que les Uns et les Autres ; rien de plus charmant que les Fêtes Galantes. M. Lemaître l’accuse de ne point rappeler Bernis et Dorât ; mais que sont au xviiie siècle Bernis et Dorât ? Voyez dans les lettres de Mlle de Lespinasse l’admirable épisode de Mme de la Mousse-