Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/98

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Il faut donc admettre que ces quelques phénomènes généraux contiennent en puissance et nécessairement autant de combinaisons possibles que les lettres de l’alphabet contiennent de mots, les dix chiffres de nombres, les sept notes de combinaisons harmoniques. Or, nous ne pouvons percevoir toute la série des phénomènes ; prendre le fait sous son aspect le plus simple est peut-être insuffisant ; ne pouvant connaître que ce qui se passe en nous, il nous faut nous résoudre à le clicher le plus rapidement et le plus sincèrement possible en son essence, sa forme et son impulsion. De là, la nécessité d’une poésie extrêmement personnelle, cursive et notante. Verlaine est un des poètes qui se rattachent à ce courant de pensées, courant large qui a constitué le répertoire et le fonds de vraie poésie, en face et avec les œuvres plus architecturales et philosophiques.

Le livre s’ouvre sur une prière comme une journée de croyant. Le catholicisme de Verlaine, c’est surtout un besoin de paix languide et de charité, un peu aussi de solidarité ; c’est, sous une forme de primitif, l’instinct social actuel : le dieu de Verlaine c’est un Soi meilleur :


Place à l’âme qui croie et qui sente et qui voie
Que tout est vanité fors elle-même en Dieu.

Il a, comme les mystiques, le culte de la Vierge à laquelle il adresse de pénétrants cantiques ; mais là encore c’est la religion anthropomorphique, la création d’un idéal féminin, l’évocation cérébrale d’une femme avec laquelle il ne faille point débattre les