Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/106

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ma poche, la lui donnerais et je m’estimerais heureux d’en être quitte à si bon compte.

Il arrangea l’affaire avec la dame au teint fleuri moyennant un billet de cinq livres, ce qui devait représenter les bénéfices d’un mois du journal ; et elle décampa, emmenant son rejeton endommagé. Après son départ, le chef vint me parler affectueusement. Il me dit :

— Ne croyez pas que je vous donne tort ; ce n’est pas de votre faute, c’est la faute du destin. Continuez de vous occuper des conseils moraux et de la critique, — en cela vous vous distinguez, — mais abstenez-vous de donner d’autres informations utiles. Vous n’êtes pas fautif, je le répète. Votre renseignement était assez exact, il n’y a rien à lui reprocher ; vous n’avez pas la main heureuse, voilà tout.

Je regrette de ne pas toujours avoir suivi ce conseil, cela m’aurait épargné des ennuis à moi-même et à d’autres. Je n’en vois pas la raison, mais c’est un fait, je n’ai qu’à indiquer à quelqu’un le meilleur itinéraire entre Londres et Rome, pour qu’il égare ses bagages en Suisse, ou bien qu’il fasse presque naufrage sitôt après avoir quitté Douvres. Si je renseigne un quidam pour l’achat d’un kodak, il a des difficultés avec la police germanique pour avoir photographié des forteresses. Je me suis donné une fois beaucoup de mal pour expliquer à un homme la façon d’épouser la sœur de sa défunte femme à Stockholm. J’avais trouvé pour lui l’heure