Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/107

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du départ du bateau de Hull et les meilleurs hôtels où s’arrêter en route. Je n’avais fait aucune erreur dans les notes que j’avais rédigées à son usage, rien ne clochait nulle part ; cependant il ne m’a jamais plus adressé la parole. Et voilà pourquoi je suis arrivé à refréner ma passion de donner des conseils et voilà pourquoi vous ne trouverez pas trace de renseignements pratiques dans ce livre si je peux m’en abstenir. Vous n’y trouverez pas de descriptions de villes, ou de monuments, pas de réminiscences historiques, ni de discours moraux.

J’ai demandé un jour à un étranger distingué ce qu’il pensait de Londres. Il me répondit :

— C’est une très grande ville.

— Qu’est-ce qui vous y a frappé le plus ?

— Les gens.

— Qu’en pensez-vous, comparé à d’autres villes : Paris, Rome, Berlin ?

Il haussa les épaules :

— C’est plus grand, que voulez-vous que je vous dise de plus ?

Une fourmilière ressemble beaucoup à une autre fourmilière : avenues, larges ou étroites, dans lesquelles les petits êtres se bousculent dans une confusion étrange, ceux-ci affairés, importants, ceux-là s’arrêtant pour caqueter, ceux-ci ployant sous de lourdes charges, ceux-là se chauffant au soleil ; greniers remplis de nourriture ; cellules où ces petits êtres dorment, mangent et aiment, et le coin où reposent leurs petits ossements tout blancs.