Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/135

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agencés et beaucoup trop vastes pour être beaux, je ne parle pas de l’atmosphère de vulgarité qui y règne. L’heure de l’affluence dans les cafés et les restaurants est de minuit à trois heures du matin ; cependant la plupart des personnes qui y fréquentent se lèvent à sept heures : le Berlinois a-t-il résolu le grand problème de la vie moderne, vivre sans dormir, ou comme Carlyle se réserve-t-il pour l’éternité ?

Personnellement je ne connais pas d’autres villes où l’on se couche aussi tard, excepté Petersbourg. Seulement notre Petersbourgeois ne se lève pas d’aussi bonne heure. Les music-halls à Petersbourg, où il est de mode de n’aller qu’après le théâtre, ne commencent pas avant minuit, car on doit compter une demi-heure pour s’y rendre avec un traîneau rapide. Pour traverser la Néva à quatre heures du matin, il faut littéralement se frayer un passage. Les voyageurs choisissent de préférence les trains qui partent à cinq heures du matin. Ces trains épargnent au Russe l’ennui de se lever de bonne heure. Il souhaite une « bonne nuit » à ses amis et s’en va à la gare après un souper confortable, sans mettre sa maison en révolution.

Berlin possède son Versailles, c’est Potsdam, une très jolie petite ville située entre des lacs et des forêts. Là, dans les allées ombragées de ce parc calme et vaste de Sans-Souci, on évoque aisément Frédéric, décharné et barbouillé de tabac selon