Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/19

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bertha ; en tout cas, elle était fort élégante. Mon costume bleu, garni d’une étroite tresse blanche, faisait aussi très bon effet.

Mr Goyles vint à notre rencontre sur le pont et annonça que le lunch était servi. Je dois reconnaître qu’il s’était assuré les services d’un très bon cuisinier. Je n’eus pas l’occasion de juger les capacités des autres membres de l’équipage. Cependant, je peux dire qu’au repos ils paraissaient former une bande joyeuse.

Mon projet était tel : sitôt terminé le déjeuner des hommes, nous lèverions l’ancre ; penchés sur le bastingage, Ethelbertha et moi, — moi le cigare au bec, — nous suivrions à l’horizon le subtil effacement des falaises patriales. Prêts à réaliser notre part du programme, nous attendions sur le pont.

— Ils prennent leur temps, dit-elle.

— S’ils veulent manger en quinze jours tout ce qui se trouve sur ce yacht, ils mettront du temps à chaque repas. Ne les pressons pas, sinon ils n’arriveraient pas à en finir le quart.

— Ils se sont peut-être endormis, remarqua plus tard Ethelbertha. Il va bientôt être l’heure du thé.

Sans contredit, ces gaillards-là étaient placides. Je m’avançai et hélai le capitaine Goyles par l’écoutille. Je le hélai par trois fois. Enfin il monta, lentement. Il me sembla vieilli, plus lourd, — entre ses lèvres un cigare éteint.

Il retira de la bouche son bout de cigare.