Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/20

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— Quand vous serez prêt, capitaine Goyles, dis-je, nous partirons.

— Pas aujourd’hui, monsieur, pas aujourd’hui.

— Pourquoi pas aujourd’hui ?

Je sais que les marins sont superstitieux ; peut-être le lundi était-il jour néfaste…

— Le jour n’y est pour rien, répondit le capitaine ; c’est le vent qui me donne à réfléchir : il n’a pas l’air de vouloir tourner.

— Mais a-t-il besoin de tourner ? demandai-je. Il me semble qu’il souffle juste dans la bonne direction, droit derrière nous.

— Oui, oui, droit, c’est bien le mot, car nous irions tout droit à la mort ; Dieu nous garde de mettre à la voile avec un vent pareil ! Voyez-vous, expliqua-t-il, en réponse à mon regard étonné, c’est ce que nous appelons un vent de terre, parce qu’il souffle directement de terre, si l’on peut dire.

Effectivement, l’homme avait raison, le vent venait de terre.

— Il tournera peut-être pendant la nuit, dit le capitaine pour me réconforter. Du reste il n’est pas violent, et l’Espiègle tient bien la mer.

Le capitaine Goyles reprit son cigare et moi je retournai à l’arrière expliquer à Ethelbertha la raison de notre retard. Elle paraissait de moins bonne humeur qu’au moment de notre embarquement et voulut savoir pourquoi nous ne pouvions pas partir avec un vent de terre.

— S’il ne soufflait pas de la terre, dit-elle, il