Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/193

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conduit vivement au poste pour y expliquer son extravagance.

Il est également défendu dans les rues allemandes de donner à manger à des chevaux, des mulets ou des ânes, qu’ils soient votre propriété ou celle d’autrui. Si une envie soudaine vous prend de nourrir le cheval d’un autre, il vous faut fixer un rendez-vous à l’animal, et le repas aura lieu dans un endroit dûment autorisé. Il est défendu de casser de la porcelaine ou du verre dans la rue ou dans quelque endroit public que ce soit. Et si cela vous arrivait, il vous faudrait en ramasser tous les morceaux. Je ne saurais dire ce qu’il vous faudrait faire de tous les morceaux, une fois rassemblés. Tout ce que je peux affirmer, c’est qu’on n’a pas la permission de les jeter ni de les laisser dans un endroit quelconque, ni, paraît-il, de s’en séparer de quelque manière que ce soit. Il est à présumer qu’on sera obligé de les porter sur soi jusqu’à la mort et de se faire enterrer avec ; mais il est fort possible que l’on obtienne l’autorisation de les avaler.

Il est défendu dans les rues allemandes de tirer à l’arbalète. Le législateur germanique ne se contente pas d’envisager les méfaits de l’homme normal : il se préoccupe de toutes les bizarreries maladives qu’un maniaque halluciné pourrait imaginer. En Allemagne il n’existe pas de loi contre l’homme qui marcherait sur la tête au beau milieu de la rue ; l’idée ne leur en est pas venue. Un de ces jours