Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/244

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pable de comprendre sa langue. Dès que nous lui eûmes adressé la parole, il avait exprimé longuement cette indignation :

— Merci beaucoup. C’est pourtant bien simple. Je vais prendre le train pour Donaueschingen ; de Donaueschingen je me rendrai à pied à Geisengen ; de Geisengen j’irai en chemin de fer à Engen, et d’Engen je me propose d’aller à bicyclette à Constance. Mais je ne veux pas emporter mon sac ; je veux le trouver à Constance quand j’y arriverai. Voici dix minutes que j’essaie d’expliquer cela à cet imbécile, sans pouvoir le lui faire entrer dans tête.

— C’est honteux en effet, avais-je constaté : ces manœuvres allemands parlent à peine leur propre langue.

— Tout cela, je le lui ai montré sur l’indicateur et expliqué par des gestes pourtant bien clairs. Impossible de lui rien faire comprendre,

— J’ai vraiment du mal à vous croire… La chose pourtant s’expliquait d’elle-même…

Harris était en colère après cet homme : il lui aurait volontiers donné une leçon pour lui apprendre à voyager dans des régions perdues et à vouloir y accomplir des tours de force sur les chemins de fer, sans savoir un traître mot de la langue du pays. J’avais refréné l’ardeur de Harris et lui avais fait remarquer la grandeur et l’intérêt du travail auquel cet homme se livrait sans s’en douter.