Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien. S’il n’arrive pas à rencontrer un sergent de ville, il continue sa route jusqu’au moment où il trouve une ordonnance de police placardée sur un mur. Il la lit, puis il repart et fait ce qu’elle commande.

Je me souviens d’avoir vu dans une ville allemande (je ne me rappelle plus laquelle, — ça n’a d’ailleurs pas d’importance, la chose aurait pu arriver n’importe où) une grille ouverte sur un jardin où l’on donnait un concert. Rien n’empêchait celui qui aurait voulu y pénétrer de se mêler à la foule des auditeurs sans rien payer. En fait, des deux grilles du jardin séparées par deux cent cinquante mètres, c’était celle dont l’accès était le plus commode. Cependant, dans la foule des passants, pas un seul ne songeait à entrer par cette porte. Ils continuaient patiemment sous un soleil de plomb jusqu’à l’autre entrée, où un homme était aposté pour percevoir l’argent. J’ai vu des petits garçons allemands s’arrêter avec envie devant un lac gelé et désert. Ils auraient pu y glisser et y patiner des heures durant, sans que jamais personne en sût rien. La foule et la police en étaient éloignées de plus d’un demi-mille. Rien ne les eût empêchés de s’y aventurer, mais ils savaient que c’était défendu. C’est à se demander si le Teuton fait partie de notre humanité faillible. Ce peuple, ne dirait-on pas ? se compose uniquement d’anges qui, descendant du ciel pour boire