Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/30

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— Excuse-moi, je ne suis pas bien ce soir.

— Tiens…, me répondit-elle, je n’avais rien remarqué ; qu’est-ce qui ne va pas ?

— Je ne saurais te l’expliquer. Je sens venir cela depuis des semaines.

— C’est ce whisky. Jamais tu n’y touches, sauf quand nous allons chez les Harris. Tu sais pourtant que tu ne le supportes pas. Tu n’as pas la tête solide.

— Ce n’est pas le whisky ; c’est plus sérieux que cela. Je pense que c’est une affection plutôt mentale que physique.

— Tu as encore lu ces critiques, dit Ethelbertha avec un peu plus de sympathie. Pourquoi, selon mon conseil, ne les as-tu pas jetées au feu ?

— Ce ne sont pas les critiques. Elles ont même été flatteuses, du moins les deux ou trois dernières.

— Alors qu’est-ce que c’est ? Car il y a surement une raison.

— Non, il n’y en a pas. Et c’est cela qui est étonnant. Je définirais mon état : une sensation étrange d’agitation…

Il me sembla qu’Ethelbertha me scrutait bizarrement ; mais comme elle ne dit rien, je continuai :

— Cette grise monotonie de la vie, ces journées paisibles de félicité sans événements finissent par me peser.

— Voilà-t-il pas de quoi se plaindre ! s’écria