Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/300

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mais comme les Anglo-Saxons prospèrent aussi bien que les Teutons, il doit y avoir du bon dans chaque système. Jusqu’ici les Allemands ont eu le bonheur d’être excellemment gouvernés ; si cela continue, la fortune ne cessera pas de leur sourire. Les difficultés commenceront le jour où par un hasard quelconque leur machine gouvernementale se déréglera. Mais il se peut que leur système ait le privilège de produire, au fur et à mesure des besoins, un continuel renouvellement de bons gouvernants. Ça en a tout l’air.

Je suis porté à croire que les Allemands, en tant que commerçants, à moins qu’ils ne changent fort, seront toujours dépassés par leurs concurrents anglo-saxons ; et cela à cause de leurs vertus. La vie leur semble plus importante qu’une misérable course aux richesses. Un peuple qui ferme ses banques et ses bureaux de poste pendant deux heures au beau milieu de la journée, pour aller faire dans le sein de la famille un repas plantureux, avec peut-être un petit somme pour dessert, ne peut pas espérer, et sans doute ne le désire même pas, lutter avec un peuple qui prend ses repas sur le pouce et qui dort avec le téléphone à la tête de son lit. En Allemagne, la différence entre les classes n’est pas assez marquée, du moins jusqu’à présent, pour qu’on y fasse de la lutte pour la vie une affaire capitale comme en Angleterre. Excepté dans l’aristocratie campagnarde, dont les barrières sont infranchissables, la différence de caste compte