Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/299

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allemand sorti depuis peu de la caserne, auquel son maître avait donné une lettre à porter quelque part avec ordre d’y attendre la réponse. Les heures passaient sans que l’homme revînt. Son maître, anxieux, se mit en route à son tour et le trouva là où il avait été envoyé, tenant la réponse à la main. Il attendait d’autres ordres. D’aucuns croiront cette histoire exagérée. Je me porte garant de son exactitude.

L’étonnant est que le même homme, qui en tant qu’individu est faible comme un enfant, devient dès qu’il revêt son uniforme un être intelligent, capable de prendre une initiative et d’endosser une responsabilité. L’Allemand peut diriger les autres, être dirigé par les autres, mais il ne peut pas se diriger lui-même. Le remède indiqué serait que chaque Allemand fût exercé au métier d’officier, puis placé sous son propre commandement. Il se donnerait sûrement des ordres empreints de sagesse et d’habileté, et veillerait à ce qu’il s’obéît avec diligence, tact et précision.

Les écoles sont responsables au premier chef de cette orientation du caractère allemand. Leur enseignement fondamental est le « devoir ». C’est un bel idéal pour un peuple ; mais avant de l’admirer sans réserve, faudrait-il avoir une conception claire de ce que l’on entend par « devoir ». L’idée qu’en ont les Allemands semble être : « obéissance aveugle à tout ce qui porte galon ». C’est l’antithèse absolue de la conception anglo-saxonne ;