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des perfectionnements techniques, mais par une sève originale. Avec Villon, la satyre est née, avec la Pléiade l’ingénieux badinage galant que le XVIIIe siècle ne surpassera pas.

Cependant, dès 1549, un vent de réforme souffle avec l’Illustration de la langue française par Joachim du Bellay qui, se détachant brusquement du passé, déclare qu’il est temps de s’ouvrir, par d’autres voies, un avenir de gloire.

La question du vers métrique français fut agitée à cette époque et donna avec Antoine du Baif des réalisations satisfaisantes. Elle suggère cette réflexion à Sainte-Beuve :

« Les innovations apportées par la barbarie dans la langue latine dégénérée s’appliquèrent, naturellement, aux divers jargons qui en naquirent ; la langue française s’y trouva sujette à mesure qu’elle se forma et l’on était arrivé au milieu du XVIe siècle avant d’avoir même songé qu’il y aurait eu pour elle un autre système possible de versification[1]. »

Cette réforme de du Bellay et de la Pléiade qui coïncidait tout naturellement avec le mouvement dans tous les arts vers les beautés du Passé, un besoin de transfusion du sang antique, donne des poètes charmants : Ronsard, Des Portes, Mellin de Saint-Gelais, Vauquelin, Passerat, Bertaut, du Perron qui se souviennent d’Ovide, d’Anacréon et de Virgile tout en demeurant originaux, lorsque paraît Malherbe, réformateur, hérissé d’exigences arbitraires, relatives à la prosodie. Les chocs des voyelles, dont on voit de si harmonieux exemples chez Marot, et ce qu’on appelait la brigade de Ronsard, sont prohibés sans merci. La rime reçoit un code draconien.

  1. Sainte-Beuve. Poésie française au XVIe siècle siècle, p. 79.