Page:Krysinska - Intermèdes, 1903.djvu/19

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dispensera d’élider cette voyelle, rendra ainsi à la circulation poétique une infinité de propositions intéressantes, éloquentes et belles, tenues sous un injuste séquestre. Le poète s’autorisera de toutes les latitudes laissées au musicien évitant ainsi, en vertu de ces lois communes, de faire rimer une finale masculine avec une féminine, sans tenir, d’ailleurs, compte des orthographes de fins de mots identifiés pour l’acoustique. Il ouvrira de la sorte, sans aucun déficit, un champ riche aux modalités les plus diverses : grèves et rêvent, misères et apaisèrent, satisfont pleinement l’oreille.

L’assonance sera préférée à la rime dans le cas de conflit entre l’expression la plus juste et la rime la plus orthodoxe.

L’abandon d’une coupe, adoptée au début d’un poème, devra coïncider avec un motif rationnel de diversion ; le fortuit et le disparate, demeurant des fautes pour le protagoniste des nouveautés prosodiques comme pour ses devanciers et les lois de l’Équilibre devant être observées par lui avec le même respect.

On sera donc en droit d’exiger d’un poëme en vers libres :

1° Qu’il exprime en langue claire, sans superfluité, ni délayage, quelque pensée, évocation, description, ou confidence qui en vaudraient la peine.

2° Que son caractère d’œuvre d’art équilibrée ne puisse être l’objet d’un doute pour aucun lecteur ou auditeur compétent.

3° Que sa proposition rythmique et musicienne soit affirmée avec évidence comme dans les vers traditionnels, malgré les élargissements des cadres prosodiques et l’usage des nombres moins habituels (11, 13, 14 ou 15 syllabes).

Voilà pour la théorie. Mais où l’argument de M.  Slluy-Prudhomme est sans réplique, c’est lorsqu’il demande que la cause des nouveautés soit défendue par des œuvres produites.

Seulement, il se pourrait que le maître, dont les minutes