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L’artifice de l’assonance ou de la rime, l’artifice d’une coupe symétrique furent, à l’origine, l’ingéniosité d’un seul — le premier qui s’en fat avisé — et non point la raison de vivre de la poésie. Seul le caractère rythmique est significatif mais qui dit rythme est bien éloigné de dire symétrie.

À quelles lois, dès lors, obéira le poète déserteur des prosodies anciennes ? Mon Dieu, tout comme le peintre, le sculpteur et le musicien, aux lois subtiles de l'équilibre et de l’harmonie, dont seul le goût de l’artiste peut décider.

Depuis, — poursuivions-nous — nous étant appliquée à examiner analytiquement notre propre ouvrage au point de vue technique, nous avons constaté que la plupart de ces poèmes satisfont dans une large mesure, aux coupes régulières, à la condition de garder à la lecture le rythme de la parole parlée, c’est-à-dire, laisser aux syllabes muettes leur mutisme, et non point leur donner la sonorité conventionnelle et déformante en usage, se dispensant ainsi d’élider les e muets.

Ne peut-on présumer que la prononciation usuelle, elle-même, fut différente du temps de Corneille, et que la conservation de ce mode de syllabisation soit de nos jours un archaïsme. Ce paragraphe, d’ailleurs, est surtout pour contenter M.  Sully Prudhomme qui admet l'évolution à la condition d’un pas à pas circonspect. »

Or, par ainsi — ajoutions-nous — notre tentative nouvelle se réduit à un très modeste apport : vers mesurés pour la seule oreille, selon la prononciation moderne usuelle, et assonancés pour l’oreille seulement, avec la faculté de faire rimer les pluriels avec les singuliers et toutes les finales muettes entre elles, qu’elle qu’en soit l’orthographe. » (Revue Universelle, 2 février 1901.)