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IX


Nos libertés consistent : à rimer ou à assonancer pour l’oreille seule (sans souci des singuliers et des pluriels) des vers qui se meuvent en des coupes alternantes, réservant, au contraire, l’effet d’une rime riche ou d’un alexandrin pour une chute de strophe qui se boucle ainsi comme une souple draperie par un joyau d’or — sans que l’effet en soit escompté par la monotonie du procédé.

L’obscurité du langage est — nous y insistons — tout particulièrement inadmissible chez les poètes affranchis.

Beaucoup d’entre eux, il est vrai, affichent comme signe de ralliement le mépris de la clarté ; c’est ce, contre quoi, et à juste titre, s’élèvent les critiques, mais ils ont tort, à ce propos, d’incriminer la formule du vers libre qui ne saurait en être la cause.

Lorsque parut notre premier volume de Rythmes Pittoresques (chez l’éditeur Lemerre), nous eûmes l’honneur de nombreux éloges mêlés à des réserves relatives à la nouvelle formule, mais le reproche d’écrire une langue obscure ne nous a été jamais adressé.

« Quoique très ouvert aux innovations — écrivait M.  Aurélien Scholl, dans le Matin[1] — j’ai peu goûté la prose obscure, entortillée, prétentieuse d’une école qui a déjà mordu la poussière. Mes yeux sont-ils désillés ? Suis-je le polyeucte d’une poésie nouvelle ? Voici que tout à coup je m’éprends des Rythmes Pittoresques de Marie Krysinska.
Il y a là une cadence qui berce et qui enivre.
  1. Matin, 18 octobre 1890.