Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/187

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à l’endroit où les gens d’Afrique et d’Espagne, avaient leurs tentes dressées dans la campagne.

Quand je dis leurs tentes, je me trompe, car sous les arbres et sous des restants de toits, la pluie les a dispersés par groupes de dix, de vingt, de quatre, de six, ou de huit, les uns au loin, les autres plus près. Tous dorment, fatigués et rompus ; ceux-ci étendus à terre, ceux-là la tête appuyée sur leur main. Ils dorment, et le comte aurait pu en tuer un grand nombre ; pourtant il ne tira pas Durandal.

Le généreux Roland a le cœur si grand, qu’il dédaigne de frapper des gens qui dorment. Il parcourt ces lieux en tous sens, cherchant à retrouver les traces de sa dame. À chacun de ceux qu’il rencontre éveillés, il dépeint, en soupirant, ses vêtements el sa tournure, et les prie de lui apprendre, par courtoisie, de quel côté elle est allée.

Puis, quand vint le jour clair et brillant, il chercha dans toute l’armée mauresque ; et il pouvait le faire en toute sécurité, vêtu qu’il était de l’habit arabe. Il était en outre servi en cette occasion par sa connaissance des langues autres que la langue française ; il parlait en particulier la langue africaine de façon à faire croire qu’il était né à Tripoli et qu’il y avait été élevé.

Il chercha par tout le camp, où il demeura trois jours sans plus de résultat. Puis il parcourut non seulement les cités et les bourgs de France et de son territoire, mais jusqu’à la moindre bourgade d’Auvergne et de Gascogne. Il chercha partout,