Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/227

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Il avait entendu dire que sur ce mont sauvage, qui s’élève au delà des nues et monte jusqu’au ciel, était situé le paradis que l’on appelle terrestre, où habitèrent jadis Adam et Ève. Suivi de chameaux, d’éléphants et d’une armée de fantassins, l’orgueilleux s’avançait avec l’intention de soumettre à sa loi les habitants de cet heureux séjour, si toutefois il y en avait.

Dieu réprima sa téméraire audace. Il envoya au-milieu de ces bandes un de ses anges qui en fit périr plus de cent mille, et le condamna lui-même à une nuit éternelle. Puis, il ordonna aux horribles monstres des grottes infernales de venir à sa table enlever et souiller tous lesaliments sans les lui laisser goûter ni toucher.

Et pour qu’il ne lui restât aucun espoir, il lui avait été prophétisé que ses tables ne seraient débarrassées de la bande voleuse et de leur odeur nauséabonde, que lorsqu’on verrait venir par les airs un chevalier sur un cheval ailé. Ce miracle lui paraissant chose impossible, il vivait dans la tristesse, privé de toute espérance.

Lorsque, à la grande stupeur des gens, on vit arriver le chevalier, planant sur les murs et les tours élevées, on courut aussitôt en prévenir le roi de Nubie qui se rappela la prophétie. Oubliant dans sa joie de prendre son fidèle bâton, il vint les mains étendues et en tâtonnant au-devant du chevalier volant.

Astolphe, après avoir décrit de grands cercles, était descendu à terre sur la place du château. Le