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commencer le remboursement partiel, elle leur fait don d’un de ses fiefs, s’étendant sur une partie de la ville et des fauxbourgs de Rennes, ainsi que sur le territoire des paroisses de Chantepie et de Janzé, nommé « le fief de Fougères. » Elle y ajoute l’abandon et la pleine jouissance d’un moulin « situé sur le bout des ponts de Cesson. »

Il y a tout lieu de douter que les dédommagements promis par la duchesse Anne aient jamais été intégralement acquittés. Je crois que l’abbaye les attendit en vain.


Il y eut encore, dans le courant du xve siècle, un sujet de soucis et une autre cause d’amoindrissement des revenus de l’abbaye de Saint-Georges : détaient les discussions sans cesse renaissantes et les procédures interminables entre l’abbesse d’une part, et de l’autre les bourgeois de Rennes qui s’arrogeaient la licence de bâtir des maisons et d’envahir des terrains, sur le lit de la Vilaine, dans la traverse de la ville. Or, la rivière et son fonds étaient la propriété de Saint-Georges aux termes de la fondation, et nul n’avait le droit d’y construire sans l’agrément et la permission de l’abbesse. Le privilége monastique ne tint pas contre la persistance des empiétements, favorisés par les officiers de la juridiction ducale.

Au milieu de ces débats et des difficultés qu’ils soulevaient se révéla, comme un signe de décadence, un esprit de dissension et de recherche des honneurs et des distinctions extérieures qui aurait du rester étranger à de pieuses servantes du Seigneur, et que n’avait point connu la ferveur primitive des bénédictines de Saint-Georges.

Perrine du Feu, élue abbesse en 1441, donna un éclat inusité aux prétentions d’accaparer certaines prérogatives mondaines, aussi opposées à la vocation des filles de saint Benoît qu’a l’humilité de la vie claustrale. C’est sous la forme d’une