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en leurs plaisirs charnels. " (Oeuv. d'Al. Chartier, de l'Espérance, p. 355.) " En pourrez tant user et si longuement vous y aouiller, que trop en avoir pris vous fera souffreteux à tousjours. " (Id. ibid. Quadriloque invectif, p. 414.)

VARIANTES :

AOUILLER. Al. Chartier, Quadriloque invectif, p. 431.

AOILLIER. Id. ibid. de l'Espérance, p. 355.

Aoultrer (s'), verbe. S'emporter au-delà des bornes. Il est probable qu'aoultrer est de même origine que le verbe simple oultrer. On a dit en parlant d'une passion dont les emportemens outragent la Religion, la Justice et même la Nature : Luxure confond tout là où elle s'aoultre ; Car maint droit héritier deshérite tout oultre, Et hérite à grant tort maint bastard, maint advoultre, etc.

J. de Meun, Cod. vers 1785-1787.

Aourser (s'), verbe. Devenir furieux ; s'acharner avec la fureur d'un ours, ou d'une ourse. Dans l'Ecriture sainte, une ourse furieuse de l'enlèvement de ses petits, est l'image naturelle d'un homme qui ne respire que vengeance et fureur. C'est par une comparaison de même nature, que s'aourser a signifié,

1° l'acharnement à la vengeance : Jupiter, doulz Dieux et doulz Roys, Quant je voy que pour les desroys Des bestes qui vous ont courcé, Estes sur ceuls si aourcé, etc.

Eust. Desch. Poës. MSS. p. 479, col. 3.

2° La fureur avec laquelle on s'acharne à combattre un ennemi dont la résistance irrite :

Nos gens estoient si aoursez Du duel qu'en les fossez Estoint batus et pourbondis ; Meis prestement tous au palis Certainement il s'attachèrent, Et un soul pas ne reculèrent.

Rom. de G. de la Perenne. - Voy. Martène, Thres. Anecd. T. III, col. 1497.

3° L'acharnement furieux d'un jaloux à tourmenter une femme qu'il croit infidèle :

Par les tresses la sache et tire ; Ses cheveux luy rompt et dessire Le Jaloux, et sur luy s'aourse Plus que ne fait lion sur l'ourse.

Rom. de la Rose, vers 9824-9827.

4° La fureur de l'intérêt, avec laquelle certaines femmes s'acharnent à la ruine de l'homme qui s'attache à elles :

... Il ne peut riens demourer A ceulx qui pour elles se pâment Et qui plus loyaulment les ament... Elle sont si très aoursées Qu'elles ne quièrent que boursées.

Rom. de la Rose, vers 8676-8744.

Dans une pièce allégorique, où sous la figure " du lion condescendant aux autres bestes, " on a représenté un Roi dont l'administration foible et incertaine expose l'Etat aux malheurs de l'anarchie, l'expression s'aourser au temporel paroit désigner cette espèce d'acharnement religieux avec lequel la Puissance spirituelle, sous prétexte de conserver ses droits, attaquoit ceux de la Puissance temporelle.

Tout se voult en mal convertir : Car les bestes du temporel Emprindrent le spirituel... Et la Loy de Dieu se coursa, Au temporel trop s'aoursa. Avoir en vouloit congnoissance, Et là commença la naissance

Des debaz entr'eulx et les Princes, etc.

Eust. Desch. Poës. MS. p. 467, col. 3 et 4.

On imagine que dans un siècle moins poli que le nôtre, et moins éloigné de la Nature, le verbe s'aourser devoit paroitre d'une énergie propre à en faire généralement aimer l'usage. Cependant Eustache Deschamps et Guillaume de la Perenne cité plus haut, d'après Martène, sont peut-être les seuls qui s'en soient servis après Jean de Meun qui vraisemblablement en a été le créateur. VARIANTES :

AOURSER (S'). Rom. de la Rose, vers 9826.

AOURCER (S'). Eust. Desch. Poës. MSS. p. 479, col. 3.

Aoust, subst. masc. Août, mois de l'année. Chaleurs d'été, été chaud. Eté, temps de moissonner, de récolter. Moisson, récolte. On sait que les orthographes aoust, aust, août, etc. sont des contractions d'agust, en latin augustus, mois d'août. (Voy. AGUST.) En payant au Roi le vin d'ost, " c'est assavoir comme demy sextier de vin vault en aoust,... tout homs qui n'a maison à Mascon, et demeure à Mascon, et tient feu et lieu,.... est quitte de touz paages.... et doit user de toutes les franchises que ont li citoiens, tantost qu'i y a demouré an et jour. " (Ord. T. II, p. 349.) Le mot aoust, dans ces autres expressions demande d'aoust, double d'aoust, ban d'aoust, vérités d'aoust, signifie aussi le mois de l'année où l'on acquittoit certain droit ou devoir de servitude ; où l'on faisoit la publication de certains règlemens utiles au bien de la moisson ; où les Officiers de Justice informoient des abus et délits commis dans l'étendue de leur juridiction, durant le cours de l'année.

Quoiqu'on ait pu comprendre différens droits ou devoirs de servitude exigibles au mois d'aoust, sous la dénomination générale demande d'aoust, l'on croit que dans la coutume de Bretagne, la demande d'aoust étoit un droit ou devoir de même nature que la Taille ordinaire dans la coutume de la Marche, et que ce droit ou devoir de servitude ne doit pas être confondu avec le double d'aoust. " Chaque homme motoyer doit par an une geline, un boisseau d'avoine et le devoir appellé demande d'aoust, aux mains des Prevost féodez. " (Cout. de Bret. Nouv. Cout. gén. T. IV, p. 412. - Voy. AOUSTAGE.)

Le double d'aoust étoit un droit ou devoir de servitude comme la demande d'aoust. " Celuy qui tient héritage en condition de servitude ou de mainmorte, peut bien prescrire contre le Seigneur de (l) Homme sert attaché à une mote, à un tenement ; en latin, rolonus adscriptitius, addiclus gtebce.