Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/115

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un bois qui était près du château. Sa promenade avait duré déjà assez longtemps, quand il aperçut madame de Granson assise sur le gazon à quelques pas de lui. Sans savoir même ce qu’il faisait, il s’avança vers elle. La vue du comte de Canaple, si proche d’elle, la fit tressaillir ; et, se levant d’un air effrayé, elle s’éloigna avec beaucoup de diligence. Loin de faire effort pour la retenir, l’étonnement et la confusion l’avaient rendu immobile ; et M. de Granson, qui le cherchait pour lui faire part des lettres qu’il venait de recevoir, le trouva encore dans la même place, si occupé dans ses pensées qu’il lui demanda plus d’une fois inutilement ce qu’il faisait là.

Il répondit enfin le mieux qu’il put à cette question. M. de Granson, occupé de ce qu’on lui mandait, ne fit nulle attention à sa réponse. La trêve, lui dit-il, vient d’être rompue entre la France et l’Angleterre. M. de Vienne, mon beau-père, est nommé gouverneur de Calais ; on croit qu’Édouard en veut à la Picardie, et que tout l’effort de la guerre sera de ce côté-là. Il ne me conviendrait pas de rester chez moi, tandis que toute la France sera en armes : je veux offrir mes services au roi ; mais, comme mon beau-père, qui a ordre de partir pour son gouvernement, ne peut me présenter, j’attends ce service de votre amitié.

Un homme comme vous, répondit le comte de Canaple, se présente tout seul ; je ferai cependant ce qui vous conviendra ; mais, si vous voulez que nous allions ensemble à la cour, nous n’avons pas un moment à perdre : la compagnie de gens d’armes que j’ai l’honneur de commander est actuellement en Picardie ;